magie et sorcellerie

Comment définir la sorcellerie d’aujourd’hui ? Loin des légendes tribales et ancestrales, il existe de nos jours une pratique « urbaine » de la sorcellerie, parfaitement adaptée à la civilisation moderne et à ses nouveaux codes sociaux. Au coeur même de nos villes, des initiés contemporains s’adonnent à d’étranges rites et sortilèges. Gros plan sur un mouvement discret mais en plein renouveau spirituel.

Les « leveurs de maux »

La sorcellerie contemporaine est une réalité, qu’on le veuille ou non. Ainsi, tandis que plusieurs ethnologues qualifient la sorcellerie comme « l’ultime avatar des croyances magiques populaires en voie d’extinction », d’autres pensent au contraire que ce concept est ancré dans l’inconscient collectif des êtres humains, donc qu’il n’est pas près de disparaître. Difficile cependant d’entreprendre une estimation du nombre de sorciers en France, tout comme en Europe. Les noms et les adresses passent de main en main par le moyen de communication le plus ancestral : le bouche à oreille. Mais pourquoi diable faire appel à un sorcier ? Les causes sont aussi nombreuses qu’il y a d’êtres humains, mais le dénominateur commun est le même : les personnes ont été envoûtées. Cet envoûtement peut se refléter de différentes manières : malchance prononcée, accidents domestiques à répétition, maladies mystérieuses, difficultés relationnelles ou financières... jusqu’à des symptômes extrêmement graves, comme la mort d’un animal de compagnie ou d’un proche. Le rôle du sorcier sera alors de déterminer l’origine de l’envoûtement, avant d’appliquer ses propres techniques de « contre » pour désenvoûter son patient, un travail qui peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le sorcier moderne doit non seulement posséder des capacités de médiumnicité pour découvrir l’origine des maux, repérer les maléfices, et en savoir plus sur le cadre de vie de son patient, mais aussi disposer d’un véritable pouvoir pour interagir sur des hommes, mais aussi des animaux, des plantes ou des objets. Des compétences multiples qui rendent l’action du sorcier imprévisible, comme le confirme Dominique Camus : « le sorcier peut détraquer des objets et les réparer, rendre malade mais aussi soigner ». Il est donc important de distinguer le véritable sorcier moderne des marabouts, mages et autres guérisseurs. « Un vrai sorcier ne fait pas de publicité et ne se trouve pas dans l’annuaire ! » confirmait Claude de Jussieu, un des sorciers les plus reconnus en France que nous avons eu la chance d’interviewer en exclusivité

Le retour de l’occulte dans le monde moderne

Malgré l’acharnement de certains à expliquer à leurs contemporains que tout peut s’expliquer par la Science, nous sommes encore nombreux à croire à l’existence de phénomènes occultes qui nous dépassent. 1 français sur 4 avoue avoir déjà vécu une expérience surnaturelle, une proportion que l’on retrouve concernant les partisans de la sorcellerie (21% de la population). Les scientifiques marginalisent souvent ces chiffres en expliquant que c’est la classe sociale la moins cultivée, donc la plus démunie et la plus « naïve », qui se laisse prendre au piège des « charlatans-sorciers ». Or il n’en est rien. Ce sont même les personnes ayant acquis un sérieux niveau d’étude qui se penchent avec le plus d’intérêt sur les phénomènes de sorcellerie, comme le souligne Guy Michelat, directeur de recherche au CNRS : « Ceux qui croient le plus au paranormal sont ceux qui ont fait des études de niveau moyen de type Bac+2 ». Loin de n’être qu’une croyance pour les plus démunis, la sorcellerie se révèle être une pratique ancestrale qui a fait ses preuves. La sorcellerie moderne a su conserver des codes connus depuis la nuit des Temps, et garde un parfum d’interdit qui pousse les pratiquants à la plus extrême discrétion. Peu d’ouvrages sur ce thème, une approche sociologique très pauvre : nul doute que la sorcellerie reste un des plus grands tabous de la société. Mais pour ceux qui veulent briser les clichés, rien ne vaut une immersion personnelle dans le véritable univers des sorciers. A vous de trouver le bon initiateur !