Découverte du plus vieux buste de César à Arles

Un buste en marbre grandeur nature de Jules César âgé, constituant la plus ancienne représentation connue à ce jour de l’empereur romain, a été découvert à Arles, ville qu’il avait fondée en 46 av. J.-C.. Cette annonce a été faite plusieurs mois après la véritable découverte en raison de la mise en sécurité des lieux (protection contre les vols), des traitements de conservation préventive à apporter en urgence à certains objets (les bronzes notamment) et bien entendu, des recherches scientifiques qui permettent aujourd’hui de proposer des interprétations.




La pièce a été réalisée de son vivant

« C’est le seul buste connu du vivant de César, sauf le masque de Turin, réalisé juste avant ou juste après sa mort, et c’est le plus ancien», a déclaré Luc Long, 55 ans, conservateur en chef du patrimoine au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), qui a dirigé les fouilles sur le site. « Même à Rome, on n’a jamais retrouvé un portrait de César de son vivant ». Le buste aurait été jeté dans le fleuve après l’assassinat de César, durant la période troublée où « il ne faisait pas bon alors être considéré comme un de ses partisans », poursuit l’archéologue.




Une représentation "typique de la série de portraits réalistes d'époque républicaine"

Le buste date vraisemblablement d’entre 49 et 46 avant Jésus-Christ, au moment donc où César fonde la colonie romaine d’Arles pour remercier la cité celto-ligure, implantée là, de l’avoir aidé à faire tomber Marseille en construisant douze galères de guerre dans ses chantiers navals. Il représente un Jules César marqué par l’âge (une cinquantaine d’années), avec la pomme d’Adam saillante, le front haut et large, et une calvitie certaine qui, selon Suétone, lui inspirait tellement de dépit qu’il avait obtenu de porter une couronne de lauriers pour la masquer. Tous les portraits connus de César ont été identifiés grâce aux monnaies puisqu’il a eu le privilège d’avoir de son vivant de la monnaie frappée à son effigie.

« Le buste va très, très bien. Il est très peu abîmé par le fleuve », a déclaré Jean-Bernard Memet, directeur d’A-Corros, société arlésienne spécialisée en diagnostic et expertise du patrimoine métallique, terrestre ou sous-marin. Toutefois, la surface du buste, au nez cassé, présente de petites fissures, antérieures à la découverte, et étroitement surveillées, certainement dues à la présence de goujons en fer à l’arrière de la tête, qui se sont corrodés.


Une représentation "typique de la série de portraits réalistes d'époque républicaine"

Outre le buste, d’autres pièces exceptionnelles ont été découvertes entre août et début 2007, dans le cadre de ces fouilles dont l’objet est la connaissance de l’histoire portuaire d’Arles dans l’antiquité. Ont été par exemple délivrées des eaux une statue de Neptune en marbre de près de 1,80 m de hauteur datant du début du IIIe siècle de notre ère et une statue en bronze d’un homme barbu aux mains liées, haute d’environ 70 cm, constituant peut-être la copie romaine d’un original hellénistique. Il y avait donc sans doute là des édifices publics très importants qui justifient l’entreprise de nouvelles investigations. « Cela confirme une fois encore l’importance du patrimoine sous-marin et rappelle la nécessité d’en assurer la protection, l’étude et la valorisation », précise un communiqué du ministère de la culture.




L’exposition au musée de l'Arles antique

Tous ces objets vont être radiographiés, scannés, et des prélèvements de matière vont être effectués pour déterminer leur origine et leur histoire. Les opérations seront menées avec l’aide du Commissariat à l'énergie atomique de Cadarache et du laboratoire de conservation, restauration et recherche du Var. Après étude et traitement, ils seront présentés au public dans le cadre d’une exposition en septembre 2009 au musée départemental Arles antique, chargé de l’organisation et du suivi des restaurations des oeuvres découvertes dans le Rhône lors des différentes campagnes de fouilles menées par le DRASSM depuis dix ans. Pour patienter, une série de conférences liées à ces découvertes est déjà annoncée pour le printemps prochain.